L’école inclusive, une réalité ?
Alors que l’inclusion scolaire en milieu ordinaire pour les élèves en situation de handicap est un principe depuis 1977 chez nos voisins italiens, la France rend obligatoire seulement depuis 2005, et la grande loi sur le handicap, la scolarisation des enfants présentant une déficience.
La première loi visant à favoriser l’intégration de ces élèves en lien avec les centres médico-sociaux date quant à elle de 1989.
Aujourd’hui « l’école inclusive » est dans toutes les bouches mais que s’est-il passé entre temps ? L’école inclusive est-elle une réalité aujourd’hui plus qu’hier ?
Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) a tenté de répondre à cette question en 2016 (« Quelle école pour les élèves en situation de handicap ? » – Conférence de comparaisons internationales, dossier de synthèse, 12 février 2016).
En 10 ans, de 2004 à 2014, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés a doublé en France. Les élèves scolarisés en milieu ordinaire étaient 133 838 en 2004 contre 252 285 en 2014 et, dans le même temps, les effectifs en milieu spécialisé sont restés stables avec 70 306 élèves en 2014.
Tout cela est le fruit d’une image du handicap qui a évolué au sein de nos sociétés : la différence est une chance et peut être une force.
Le CNESCO constatait néanmoins en 2016 que, si l’école inclusive était en train de devenir une réalité en maternelle, la situation était plus complexe dans le secondaire. Durant l’année scolaire 2014-2015 la quasi-totalité des élèves en situation de handicap âgés de 3 à 5 ans étaient scolarisés en milieu ordinaire alors que ceux âgés de 18 ans n’étaient que 44%. La rupture apparaît entre 15 et 18 ans.
« La France demeure encore au milieu du gué, hésitant dans la mise en œuvre réelle de cette école inclusive. » indiquait Nathalie Mons, professeure de sociologie et présidente du CNESCO.
Force est de constater peu ou prou la même chose 6 rentrées scolaires plus tard.
Les propositions du CNESCO étaient pourtant nombreuses : mettre en accessibilité tous les bâtiments scolaires, généraliser l’usage des outils numériques nomades, nommer un enseignant “personne ressource” dans chaque établissement, sensibiliser tous les enfants au handicap, étendre le projet personnalisé de scolarisation au temps périscolaire et la prise en charge de l’enseignement à distance jusqu’à la fin de la scolarité. Où en sont ces préconisations ?
Quels nouveaux dispositifs d’inclusion pour la rentrée 2021-2022 ?
Chez les PEP 45, l’objectif est clair : « Les élèves en situation de handicap ou à besoins spécifiques doivent pouvoir profiter comme tous les autres jeunes de l’enseignement de la République » selon Gilles Gaillard, le président. Mais une question se pose : comment ?
Tout commence par un sondage des Français. À la question « Diriez-vous que vous êtes favorable ou défavorable à ce que des enfants présentant un handicap soient scolarisés avec les autres enfants dans des établissements scolaires ouverts à tous ? », entre 69% et 91% (selon le type de handicap) des personnes interrogées répondent positivement.
Ce sondage commandé par la Fédération Générale des PEP et 5 autres associations nationales partenaires vient consolider la campagne Ma place, c’est en classe (« Les Français et la scolarisation des élèves en situation de handicap » – Harris Interactive, baromètre vague 3, août 2021), sensibilisation inter-associative qui a pour but de rappeler qu’il ne suffit pas d’installer des plans inclinés dans tous les bâtiments, même si c’est indispensable. L’accessibilité doit se décliner à tous les niveaux : adaptation des objectifs pédagogiques, des contenus et des évaluations, approches pédagogiques différenciées, accès à la vie et aux sorties scolaires, aux activités péri et extrascolaires.
Dans le Loiret, les PEP ont intégré que tout ne peut pas reposer sur les enseignants. Le médico-social est davantage une ressource pour l’Éducation qu’un palliatif. L’Équipe Mobile d’Appui à la Scolarisation (EMAS) qui vient accompagner la communauté éducative dans la prise en charge des enfants à besoins spécifiques, va intensifier son action. L’EMAS, en préconisant des adaptations, en sensibilisant et soutenant les personnels, permet à chacun d’être plus autonome.
L’autonomie est aussi un objectif de longue date dans les Instituts Médico-Éducatifs (IME). Il s’agit par exemple d’accompagner les jeunes vers une vie sociale ordinaire. L’IME d’Orléans La Source vient de louer 3 studios dans le centre ville pour accueillir des jeunes adultes qui pourront ainsi apprendre à vivre seuls. C’est une étape supplémentaire dans l’offre existante (appartements partagés, pavillons semi-collectifs et internat). L’IME de Gien a quant à lui reçu un chèque de 5500€ du Rotary Club pour l’achat d’une voiturette sans permis afin de travailler la mobilité avec les jeunes. Ce moyen de locomotion, très utile sur un territoire mal desservi en transports publics, leur permettra de se rendre plus simplement sur leurs lieux de stages et ainsi mieux s’insérer dans la vie professionnelle.
Le nombre de jeunes accompagnés par les 3 IME des PEP 45 (Baule, Gien et Orléans La Source) qui participent dorénavant à des Unités d’Enseignement Externalisées a été doublé cette année ! Concrètement ils sont scolarisés en IME mais intégrés à temps partiel dans des écoles ordinaires. C’est un pas de plus pour la socialisation.
Il faut être fier de poursuivre ces innovations car elles contribuent à une école plus inclusive.
Les PEP 45, c’est :
307 jeunes en IME (instituts médico-éducatifs) dont 36 nouveaux
180 jeunes au SESSAD (service d’éducation spéciale et de soins à domicile)
32 au SESSAD Professionnel dont 2 nouveaux
158 jeunes suivis au CAMSP (centre d’action médico-sociale précoce)
319 jeunes suivis au CMPP (centre médico-psycho-pédagogique)
6 jeunes en UEMA (unités d’enseignement maternelle autiste)